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Quand javais cinq ans

J’écoute le nouveau coloc parler de se moitié. Et c’est vrai qu’il faut toujours que je me fasse du mal à comparer. Est ce que l’amour c’est sensé être comme ça pour être de l’amour ? Non, bien sur que non, et dans le fond je le sais. Parce que je l’aime mon Costa, avec tous ses défauts, et il pourrait me parler des heures, le coloc, de tout ce qu’il fait de totalement hallucinant pour sa femme, et comment il l’aime et comment c’est pour la vie et que c’est magique et tous les plans sur l’avenir.  Tout ça avec la plus belle des sincérités dont un homme est capable, et sans aucune pudeur. Et ben oui, malgré ça, j’peux pas nier que ce qu’on a, Costa et moi, c’est de l’amour quand même. Alors pourquoi bordel faut toujours que je compare ?

Le résultat c’est que j’ai les larmes qui me montent à la gueule en l’écoutant parler, alors j’ai plus qu’à aller me rouler une clope un peu plus loin pour camoufler tout ca. Manquerait plus qu’il me demande de justifier mes yeux gonflés. J’sais pas trop si je fais bien d’être malheureuse à cause de ça. C’est juste dans ma nature de vouloir autre chose, je crois. J’peux critiquer Costa autant que je veux à cause de son incapacité chronique à faire des plans d’avenir et à être là, amoureux, de façon constante. J’aurais raison. N’empêche que moi aussi, j’ai mes gros problèmes relationnels. Alors évidement ça fait de nous ce couple complètement bancal, qui se déchire une fois par mois, pour toujours, envers et contre toutes les évidences du contraire, et de lui et de moi, finir par se retrouver dans l’étreinte tout à fait parfaite de notre amour tout déformé par nos défauts.

Alors oui, c’est un radin des cadeaux et des attentions, j’peux me plaindre de pas être choyer comme une reine chaque jour que Dieu fait. Oui je doute 20 fois par jour de lui sans qu’il y est aujourd’hui de raison pour ça. Et douter de nous. Et douter de la Terre entière même. Et je finis par l’épuiser parce qu’il cherche les mots mais ya rien dans son dico cérébrale qui pourrait m’aider à ne plus faire la gueule. Et c’est presque sûr que je ne serais pas capable de faire pleurer qui que ce soit en racontant notre vie à deux.  Je voudrais qu’il m’aime plus, il voudrait que je me pose moins de question.  Je râle, il râle. Mais toujours, au bout de tous nos défauts. On est ensemble. Depuis 4 ans. Alors peut être qu’on devrait juste se rendre à l’évidence, que c’est comme ça un point c’est tout. Aussi fort qu’on essaye de se battre pour surtout vivre l’un sans l’autre, faut toujours qu’on se recroise sur le même chemin, lui et moi face à face, avec l’envie irrépressible de juste se serrer très fort, et d’attendre comme ça, que le soleil se couche sur nos blessures. Parce que dans le noir les cicatrices, on ne les voit pas. Les doutes font la grève. Et les autres n’existent plus.

Alors oui, peut être que j’ai le droit d’être triste qu’il ne m’aime pas comme le coloc aime sa moitié. Mais dans le fond j’ai pas envie. Malgré ce que les larmes qui me montent veulent bien me faire croire. La vérité, c’est qu’elles sont juste le synonyme de mon insatisfaction chronique chérie, un point c’est tout. Faut se rappeler qu’il est là tous els week end, à préférer être là qu’avec ses potes. Il m’appelle souvent, répond à tous mes appels à l’aide, m’aide pour mon stage, pendant ses quelques minutes de répits au boulot, pense toujours à m’appeler moi quand il a besoin de parler de ses problèmes parisiens, me fait des compliments, subis mes sautes d’humeur sans jamais s’énerver, et il oublie vite aussi, pour pas que je m’en veuille.

Parce qu’il m’aime. Pas pareil c’est sûr, mis je devrais le savoir depuis longtemps que j’aime pas les mielleux. J’dis pas que je serais contre une invitation pour un week end en Ecosse ou un petit dej’ au lit, mais j’me connais assez pour savoir que ça serait bien pire. S’il était comme ça tous les jours. J’aime pas tellement qu’on s’occupe de moi finalement, ça m’ennuie très vite le mec amoureux transi, j’devrais le savoir depuis le temps. Alors quand j’écoute le coloc, je suis triste comme quand on veut la jolie jupe à volant que toutes filles ont eu à l’école sauf nous. Alors on fait un caprice devant les parents, on fait une scène tous les jours s'il le faut, on fait la grève de la faim, peut être même qu'on irait se plaindre chez papy pour bien leur foutre la honte et puis les faire culpabiliser. Tous les moyens sont bons. Et si par malheur j’avais trouvé la jupe sur mon lit un matin, joliment emballée dans un paquet cadeau, je l’aurai mise une fois avant de devoir me résoudre à l'évidence que j’ai jamais aimé les jupes, j’ai toujours été un garçon manqué de toute façon, quoi qu’en disent les copines.

J’suis un peu con parfois…

Ecrit par ryne, le Mercredi 2 Février 2011, 11:48 dans la rubrique "Actualités".

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Commentaires

stupidchick

02-02-11 à 13:49

Wiiiiii!!!! Ryne a écrit un article!


Re:

ryne

02-02-11 à 14:38

T'as vu ça, quel progret!

Faut croire que le stage, ça m'inspire...


Anonyme

03-02-11 à 22:30

Très bel article, tu es lucide, et c'est important. tant que tu sais qui tu es et ce que tu veux, ca va aller.
Annah


aphone

06-02-11 à 00:50

Oui très bel article je viens de le lire tu m'avais caché ça mon gros lapin. J'aime toujours autant tes exemples, tes comparaisons, tes illustrations. Je t'ai presque imaginé, petite Ryne dans la jupe à volant, et ça m'a bien fait rigolé. J'le kiffe cet article, j'le trouve très lucide, et en accord avec ma vision de toi et lui.
(Quand j'avais 5ans je m'ai tué ? JE TE CONNAIS mon gros lapin)


MangakaDine

12-02-11 à 16:52

Moi j'me dis que c'est beau, quelqu'un qui oublie vite pour pas qu'on s'en veuille. Mais ça voudrait alors dire que ton bonhomme sait ce qu'est la compassion, et chuis pas très sure.

Sinon comme tu râles souvent qu'on te dise rien sur tes textes et que je ne me lasse jamais de tes métaphores, je retiendrai que le soleil se couche sur vos blessures. Et la jolie jupe à volant que t'as voulu juste pour la forme. Elles m'épateront toujours, tes histoires dans les histoires.


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